LES ÉCRANS : L’HÉROÏNE NUMÉRIQUE DU 21E SIÈCLE

Les technologies comportent toutefois des risques et des dangers pour les jeunes. Les effets néfastes peuvent être importants : retard du langage, perte du sommeil, diminution des aptitudes cognitives, de l’imagination et de la créativité, dépendance, déficit d’attention, hyperactivité, échec scolaire, troubles de comportement, etc. Pire encore, la surdose d’écrans peut modifier la structure et la fonction cérébrale et nuire au développement global des jeunes. Le cerveau se construit et se modifie en fonction de nos comportements. Les dommages apparaissent surtout au lobe frontal qui change beaucoup de la puberté à la mi-vingtaine. Le développement du lobe frontal joue un rôle déterminant dans plusieurs aspects de la vie comme le sentiment de bien-être, les résultats scolaires, la réussite professionnelle et les relations humaines.

Le docteur Nicholas Kardaras, un psychologue et expert en addictologie, utilise l’expression “héroïne numérique” pour décrire l’addiction chez les enfants. Dans son livre (Glow kids: How screen addiction is hijacking our kids - and How to Break the trance from addiction), il parle des expériences d’imagerie cérébrale qui montrent que le cortex frontal rétrécit lorsqu’on abuse des écrans : la circulation des fluides est modifiée, la communication est ralentie et on remarque des défauts de connexion cérébrale pouvant mener à des symptômes ressemblant à l’autisme ou aux troubles bipolaires.

Des études ont même démontré que la surutilisation de certains appareils électroniques stimule une zone du cerveau qui sécrète une hormone : la dopamine reliée au plaisir et qui peut créer une dépendance similaire à celle de la consommation de tabac, d’alcool et de drogues. L’auteur Nir Eyal a écrit un livre « Hooked » (qui veut dire Accro) portant sur la façon de rendre les produits et les consommateurs les plus addictifs possibles. Cette technique repose sur le contrôle et la manipulation du cerveau. Il explique qu’il s’agit de désactiver les zones du cerveau associées au jugement et à la raison et en même temps de stimuler les zones associées à l’envie et au désir.